UN ARTICLE INTÉRESSANT SUR L’ART-THÉRAPIE !

Voici un bel article sur l’art-thérapie. Ce dernier a été partagé sans changement, et est issu de l’adresse URL : https://www.neonmag.fr/ca-ma-sauve-du-burn-out-quand-lart-therapie-change-la-vie-557525.html?fbclid=IwAR0xCnAEgB_ohMDaDu4qc7DlKzA3dMEn3GUXHH_xZy98ghgwsaW84hbTces

Bonne lecture !

« Ça m’a sauvé du burn-out » : quand l’art-thérapie change la vie

"Ça m'a sauvé du burn-out" : quand l'art-thérapie change la vie

 

Écrit par Lisa Back|

Danse, peinture, musique : la pratique de l’art dans un suivi thérapeutique peut faire des miracles. Encore peu conseillée par les médecins, l’art-thérapie séduit pourtant de plus en plus.

Et si la pratique de l’art pouvait nous aider à aller mieux ? Depuis quelques années, l’art-thérapie commence à se faire connaître et les cabinets de professionnels se multiplient aux quatre coins du pays. Anorexie, addiction, choc post-traumatique, dépression, rééducation après un accident, burn-out… l’art-thérapie s’adresse à tous, dans une démarche douce, active et créative. Nous avons rencontré quatre patient·e·s qui en ont fait l’expérience, et pour qui ça a changé la vie.

J’y ai mis des choses vraiment intimes, que je n’aurais pas exprimées ailleurs, même chez mon psy

Isabelle, 61 ans, Paris

Isabelle a fait ses premiers pas en art-thérapie lorsqu’elle vivait au Maroc. « Je suis dans une instance de divorce depuis 6 ans extrêmement douloureuse. Ça m’a provoqué une grosse dépression jusqu’aux tentatives de suicide. Je me suis confiée à une amie artiste peintre et art-thérapeute, elle m’a dit de venir la voir », se souvient-elle. C’est sans conviction qu’Isabelle se rend à cette première séance, elle qui n’avait jamais peint de sa vie. Pourtant, c’est une révélation : « Les premières séances en peinture ont été tellement fortes, j’y ai mis des choses vraiment intimes, que je n’aurais pas exprimées ailleurs, même chez mon psy ».

Sous son pinceau naît une première œuvre qu’elle croit sombre et pessimiste. À travers le regard bienveillant de sa thérapeute, Isabelle perçoit les choses sous un nouveau jour, plus positif. « J’ai fait une dizaine de séances avec elle et c’est ce qui m’a probablement sauvée avec mes proches », rapporte-t-elle. Depuis, Isabelle n’a jamais abandonné la peinture. Arrivée à Paris, elle s’est installée un atelier. Elle jette sur ses toiles sa souffrance et son désespoir dans un élan salvateur. Pour elle, l’art-thérapie se vit, sans jouer un rôle et « avec ses tripes ».

« On vous pousse à vous dépasser en art-thérapie, c’est quelque chose de palpable. On est face à un miroir et il faut assumer. Quand on y arrive, on ne se retrouve pas, on se reconnaît. Parce que pour se retrouver, il faut s’être connu », avance Isabelle. Elle poursuit : « Ça nous fait comprendre qui on est, prendre du recul sur plein de choses, exprimer ce qu’on a en soi et avec quoi on n’est pas vraiment aligné ». À travers l’art-thérapie, Isabelle a pu aller mieux, se découvrir un talent d’artiste et une passion pour la peinture.

Ça consiste en quoi finalement, l’art-thérapie ?

« Ce n’est pas du tout un atelier de bricolage », défend Christine, 55 ans, qui a pratiqué l’art-thérapie pendant 1 an et demi. Il s’agit de l’utilisation intentionnelle de l’art dans un but thérapeutique, comme un canal menant différemment à la réflexion. « En art-thérapie on va toujours utiliser ce qui s’appelle la stratégie du détour. On travaille sans en avoir l’air », explique l’art thérapeute Kévin Claeys-Dez. Pas besoin d’avoir le talent d’une Frida Kahlo ou l’âme d’artiste d’un Mozart.

L’objectif n’est pas de faire du beau ni même de faire de l’art mais de soigner une pathologie. « Ce n’est pas la production qui compte mais ce qu’on va en déduire, en réfléchir et qui va donner des bénéfices ensuite dans la vie de la personne », poursuit Kévin Claeys-Dez. Il est nécessaire d’écarter tout préjugé menant à croire que les réalisations ou pratiques artistiques sont analysées, tels des dessins d’enfants.

« C’est surtout de l’observation, jamais de l’interprétation. C’est l’œuvre qui nous interprète. Mon travail à moi est de faire en sorte que l’œuvre tire quelque chose de vrai de la personne, qu’il y ait de l’humain jeté sur la feuille. Et à la fin de la séance on en discute », rapporte quant à lui François Lacroix, art thérapeute. Aucun manuel ne prescrit qu’un art convient mieux à une pathologie. Il en va du ressenti du patient et de son histoire.

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Ça m’a sauvé de mon burn-out

Mathilde, 33 ans, Rennes

Depuis qu’elle sait tenir un crayon, Mathilde utilise l’écriture comme exutoire, avant même de poser les mots « d’art-thérapie » sur sa pratique. Hypersensible, l’écriture lui permet d’apprendre à se connaître et à soigner ses blessures émotionnelles. Loin d’être un simple loisir, noircir des pages devenait pour elle un besoin vital d’exposer ce qu’elle ressent pour aller mieux. Très occupée, elle s’est pourtant éloignée peu à peu de cette pratique en grandissant.

C’est en essayant d’avoir un premier enfant que la jeune femme ressent le besoin de retourner à l’écriture : « Il y avait quelque chose en moi qui bloquait donc il fallait que je trouve par moi-même le moyen de résoudre ce qui ne me permettait pas de devenir maman. J’ai découvert des choses sur moi rien qu’en mettant des choses sur le papier. Au fur et à mesure de l’écriture, je me suis allégée. »

Quelques mois après son accouchement, Mathilde retombe rapidement enceinte d’un petit garçon. Face à deux enfants en bas âge, un travail de cadre prenant et un mari absent la semaine, la jeune maman a sombré. « J’ai résisté pendant 7 mois et les mots ont été posés sur un burn-out maternel, se souvient-elle avec émotion. C’était très violent car j’étais incapable de bouger, manger, tout a lâché d’un coup. J’étais dans le fond de mon canapé, seulement capable de bouger les mains et la première chose que j’ai pu faire c’est prendre un crayon entre mes doigts et écrire ». En écrivant, elle « donne consistance à l’indicible ». Des notes que seule elle-même peut comprendre. Avec le recul, la jeune maman prend conscience de l’importance qu’a pu avoir l’écriture dans sa reconstruction : « Ça m’a sauvé de mon burn-out, c’est certain ».

Tout comme Isabelle, aujourd’hui, Mathilde va mieux. Le dessin, le land art et l’écriture font partie intégrante de sa vie. Si elle n’a jamais fait de séance d’art-thérapie avec un professionnel, sa pratique a été vivement encouragée par sa psychanalyste. « On peut être tellement mal qu’un accompagnement peut aider pour avoir un déclic, comme un tremplin pour rebondir et retrouver la surface. Ces deux démarches ont été complémentaires », explique Mathilde qui, forte de son expérience, souhaite devenir art thérapeute.

Le simple fait de me poser et d’exprimer ce que je ressentais suffisait à me soulager

Noël, 33 ans, Saint-Quentin en Yvelines

Noël a également pratiqué l’art thérapie à travers l’écriture, qui l’a aidé dans de nombreux combats. « Ça m’a été préconisé par une infirmière dans un centre de soin, qui m’a fait remarquer que j’avais un rapport spécifique avec l’écriture », se souvient-il. Diagnostiqué avec un trouble bipolaire et un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, Noël traîne un profond mal-être pendant plusieurs années. Il est suivi dans le cadre d’une thérapie psychologique, mais a été tenté par cette nouvelle approche par l’art. L’écriture lui permet de se livrer, de se découvrir et aborder son parcours de vie de manière plus intime.

Consommateur de cannabis à l’époque, il tient un journal pour l’aider à lutter contre cette addiction : « Je rédigeais mes pensées quand j’avais envie de consommer et j’ai fini par m’apercevoir que le simple fait de me poser et d’exprimer ce que je ressentais suffisait à me soulager », explique-t-il. Il suit une thérapie par l’art pendant deux ans, où chaque séance est un peu plus libératrice sur son passé et ses traumatismes.

Il travaille sur des exercices emplis de sens, dont le sujet est « décalé » : « Je devais faire des textes en parlant à la troisième personne, ça me permettait de parler de moi même sans sentir que c’était moi qui m’exprimais. Je devais aussi parfois exprimer la manière dont je me sentais à travers une métaphore », rapporte Noël. Le papier et le crayon se plaçaient comme intermédiaires, lui permettant d’exprimer des maux trop difficile à évoquer à l’oral. « Le fait que ça prenne la forme d’un objet littéraire, ça permettait de l’appréhender de manière beaucoup plus facile, ça n’atténuait pas ce que je ressentais mais c’était gérable », précise-t-il. Si Noël ne minimise pas l’importance qu’une thérapie orale a pu avoir sur sa reconstruction, l’art thérapie a été pour lui un véritable game changer dont il mobilise les outils lorsqu’il en ressent le besoin, comme une « roue de secours ».

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Je sentais profondément que ça correspondait à quelque chose en moi

Christine, 55 ans, Pontarlier

Grâce à l’art-thérapie, Christine aussi a retrouvé le sourire. Il y a trois ans, elle découvre cette pratique dans un reportage et décide d’en faire l’expérience : « Ça fait 30 ans que je fais plusieurs thérapies qui m’aident beaucoup. J’avais des angoisses et des idées un peu sombres. Mais j’avais envie de développer ma créativité et je me suis dit qu’à travers l’art je pouvais exprimer différemment les choses ».

Ces rendez-vous sont légers, sans la nécessité de se replonger dans ses souvenirs douloureux. « Ça avait quelque chose de très joyeux. Je me rappelle que pendant les séances, on pouvait vraiment éclater de rire, c’était génial. Et je sentais profondément que ça correspondait à quelque chose en moi. De la petite fille qui avait été privée à 5 ans et qui avait bien envie de s’éclater », se souvient-elle après un an et demi de suivi.

L’art-thérapie permet à Christine de s’ancrer dans « quelque chose de concret » et l’aide à gérer son mental, parfois submergé par les angoisses. Elle se souvient d’un exercice particulièrement marquant lors de sa thérapie : « On avait réalisé un petit film et de le voir, ça avait été une épreuve. C’était rien, seulement des petites images que j’avais choisies en fonction de mon histoire. Mais voir ce film était trop dur. Il se passe des choses au niveau émotionnel. On ne contrôle rien du tout ».

Que ce soit à travers la vidéo, la peinture, le théâtre, la musique ou encore l’argile, l’art-thérapie se veut comme un moyen d’expression de soi et de lâcher prise. Bien qu’elle ne suive plus de thérapie par l’art, Christine continue d’appliquer les conseils de son thérapeute : « Quand je sens qu’une angoisse arrive et que je suis submergée par les événements trop agressifs de la vie, je vais faire un exercice de collage par exemple ».

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Ces quatre personnes ne se sont jamais rencontrées mais partagent l’idée qu’un suivi en art-thérapie est plus efficace s’il est combiné à un accompagnement psychologique. En revanche, l’art-thérapie n’a pas vocation à soigner que la santé mentale. Il peut également être conseillé pour des soucis physiques : « Dans le cas de personnes qui ont souffert d’un AVC ou vécu un accident, un atelier de théâtre peut servir à capitaliser toutes les autres rééducations en cours » explique l’art-thérapeute Kevin Claeys-Dez. Pas seulement une parenthèse créative, mais une autre manière thérapeutique de traiter ses problèmes de santé. »